La nuit de la solidarité 2018 aura lieu dans trois jours, dans la nuit du jeudi 15 février au vendredi 16 février.
Et elle divise (lisez ici l’article du Parisien d’aujourd’hui) nos femmes et hommes politiques, nos élu(e)s – comme d’habitude.
La nuit de la solidarité de Paris est :
- un décompte exhaustif de tous les gens qui sont contraints (c’est quand-même notre avis !) de rester (mais pas forcément en dormant !) la nuit dehors. Ces fameux sans-abri.
- pour l’organisation du décompte, l’apur (Atelier parisien de l’urbanisme), un organisme hautement qualifié (lisez par exemple son rapport du 18 septembre 2014 «Lutte contre la grande exclusion : revue synthétique des données chiffrées disponibles») a divisé Paris en 350 secteurs.
- chacun de ces secteurs sera sillonné entre 22h et 1h du matin par des équipes, constituées entre 3 et 5 personnes, dont un(e) responsable «professionnel(le) référent(e)» (services sociaux, associations, etc.).
- un questionnaire anonyme (aucune géolocalisation) sera rempli pour chaque sans-abri qui le souhaite.
- il est interdit de réveiller des personnes, et d’embêter les gens alcoolisés ou agressifs.
- pour les gens qui le souhaitent, une fiche de signalisation (besoin de rencontrer la maraude, mise en relation avec un travailleur social, etc.) sera établie.
- les données seront analysées par un comité scientifique qui publiera éventuellement une nouvelle « revue synthétique » si les chiffres disponibles ne sont pas trop mauvais.
- il est prévu de répéter ce comptage tous les ans, afin de pouvoir mesurer l’efficacité des mesures prises contre la «très, très grande précarité».
Ben, avant la présentation de ces détails, pas mal d’associations ont été aussi divisées quant au bienfondé de cette «nuit de la solidarité» : flicage, compter pour rien faire, etc.
La plupart se sont calmées. Pas nos femmes et hommes politiques ! Eux, ils n’ont probablement pas eu ces information ou ne voulaient pas les avoir ou – ce qui est le cas le plus probable – se fichent, en temps normal, de telles choses désagréables.
On s’amuse alors à décortiquer l’un ou l’autre commentaire :
On s’amuse surtout de la contribution de Madame Lang, députée (LREM) et conseillère de Paris XIIIe :
« La Nuit de la Solidarité est une opération de communication qui vise à montrer que l’État n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire face à la situation ». « C’est un piège ».
Le plus drôle dans sa déclaration est le fait que tout est vrai :
- effectivement, c’est un piège – pour la majorité et pour Macron qui a fanfaronné «Je ne veux plus d’ici la fin de l’année (NDLR du Parisien : 2017) avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois »
mais, surtout,
- que l’État n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire face à la situation.
Une honnêteté rarement atteinte à notre époque ultra-langue-de-bois !
L’État n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire face à la situation !
Un exemple criant de la défection, voire de la désertion de l’État devant ses devoirs est la quasi-impossibilité d’obtenir aujourd’hui une domiciliation à Paris.
Une domiciliation, c’est avoir une adresse administrative pour tout citoyen qui n’a plus de domicile, parfois même plus un abri : un SDF, un sans-abri.
Sans adresse administrative (sans «domiciliation»), t’es administrativement mort ! Pas de CAF, pas de Pôle Emploi, pas d’assurance maladie, pas d’APL, etc. etc.
Impossible d’avoir un job régulier !
Comment insérer les gens sans domiciliation ?
L’État, incapable de gérer, d’assurer ce droit citoyen minimal, a délégué la tache à la Préfecture de Police. Et la Préfecture de Police l’a déléguée aux associations. Et les associations reçoivent leurs quotas de domiciliations (et les indemnisations équivalentes) et se débrouillent comme elles peuvent.
Et c’est le grand bordel partout, propice à toutes les dérives et détournements, sauf que beaucoup de gens qui sont dans la rue sont privés de leurs droits fondamentaux.
L’État et la Ville de Paris n’ont pas pris les mesures nécessaires pour faire face à la situation désastreuse des bagageries !
Le problème des bagageries ne concerne certainement pas seulement l’État, mais également les pouvoirs locaux. Il en manque énormément.
Comment fait il ?
6 sacs.
Beaucoup d’AR, n’est-ce pas ?
Pour 100 m (3 allers, 2 retours), ça fait 500 m.
Pour 1 km, ça fait 5 km. Sous la pluie ? Sous la neige ?
Or, les déplacements quotidiens parcourus par les SDF et sans-abri sont de l’ordre de 10, voire plus de 15 km, comme en témoignent les relevés d’un ancien SDF :
Et voilà, avec 6 sacs à transporter, notre sans-abri sur la photo est fichu : 10 km de déplacement par jour, ça correspondrait pour lui, avec les AR incessants, à une distance à parcourir de 50 km ! Impossible, même pour un grand sportif.
Son «rayon d’action» se limite donc à 2 ou 3 km au maximum. Alors, comment fait il ?
On ne souhaite à personne cette galère.
Sauf, peut-être, hum, juste pour une journée, en hiver… juste pour se rendre compte… avant de prononcer des discours erronés, malveillants, méchants…