Archives mensuelles : février 2018

Alerte grand froid !

Depuis quelques jours, les prévisions de Météo France deviennent, au fur et mesure de l’approche de  cette vague de froid (la plus servère de cet hiver !), de plus en plus inquiétantes :

Prévisions de Météo France pour Paris

du 19/02/2018  du 20/02/2018 du 21/02/2018 du 22/02/2018

En prenant en compte les dernières prévisions d’aujourd’hui (22/02/2018), on note :

  • du gel pendant toute la journée à partir de lundi prochain jusqu’à jeudi,
  • de forts gels pendant les nuits (jusqu’à -7° C pendant la nuit de lundi à mardi),
  • et notamment un vent du nord pénible et constant (25 km/h avec des rafales jusqu’à 50 km/h !) qui devrait doubler la sensation de froid !
  • …et, cerise sur le gâteau, de nouvelles chutes de neige probables à partir de jeudi prochain…

La totale.

Deux fiches à télécharger, à imprimer et à afficher/diffuser :

Se protéger du froid
Appel au secours
affiche-grand-froid-nb
Trouvé, avec d’autres affiches,
en bas de la page du site gouvernemental
action-d-urgence

Pour avoir l’affiche en grande taille,
réglez votre imprimante au format «paysage»

Pendant la journée, on peut rester au chaud notamment dans les :

  • accueils de jours, dont quelques-uns élargissent leurs horaires d’ouverture en période de «Grand Froid »,
  • bibliothèques (attention, réductions des horaires d’ouverture ! pendant les vacances scolaires),
  • églises,
  • stations de métro… dont quelques-unes restent ouvertes pendant la nuit,
  • …et pour se réchauffer… venez dans les commerces solidaires du réseau du Carillon ! Pour ça, cliquez (et patientez un peu – leur site rame – contrairement à la …) sur leur carte ici ————>         

Et pour trouver les accueils de jours et les bibliothèques les plus proches, vous pouvez utiliser notre « Carte de Paris pour SDF » , parfois aussi un peu lent, mais moins lent que…

Burn-out chez Bourdin

Après les «50 sans-abri qui dorment cette nuit dehors en Ile-de-France (!)» de Julien Denormandie (secrétaire d’État auprès du ministre de la cohésion des territoires), entendus sur France Inter mardi 30 janvier 2018, on assistait, lundi dernier, à une autre explication publique d’un membre du gouvernement, témoignant à nouveau d’une certaine, voire totale incompét… mais regardez vous-mêmes :

« C’est la même chose ! ».

Ouf ! Mais même après ces explications en mode mitrailleuse de Madame la Ministre, nous n’avons toujours rien compris et Jean-Jacques Bourdin apparemment non plus.

Pour éclaircir ces déclarations mystérieuses, nous avons retranscrit les 97 secondes de la vidéo pour vous :

Le premier couac qui rend ensuite tout le reste de son argumentation caduque se trouve dans la définition même du mot burn-out : le burn-out est défini comme «Syndrome d’épuisement professionnel». Professionnel ! Ou comme un «result from long-term, unresolvable job stress». Job stress !
Qu’on le veuille ou pas, c’est comme ça :

Définition du burn-out

en français
en anglais

Madame Pénicaud ne peut donc en aucun cas dire que « au sens médical, ce n’est pas une maladie professionnelle », parce que le burn-out est défini – et justement par des spécialistes, des médecins – comme «Syndrome d’épuisement professionnel». Encore une fois : «professionnel» et ne pas «privé». Bon, «syndrome d’épuisement» ou «dépression», on s’en fiche.

Elle admet juste que «certains facteurs dans l’entreprise peuvent aggraver une situation», mais pour elle toute dépression se développe d’abord en dehors du monde du travail…

D’où vient cet entêtement absurde ?

Madame la Ministre donne une explication : «Aujourd’hui, en France on a un système qui euh, quand c’est trop tard, euh, compense, euh, euh, voilà, on a la réparation, comme on dit, enfin la réparation financière, vous savez, quand… la réparation psychologique, elle, est plus importante». Voilà, c’est ça : la réparation financière!

Parce que la reconnaissance du burn-out comme maladie professionnelle engendrerait pas mal de frais financiers pour les entreprises, des recours devant la justice, etc. , etc. …

On pourrait donc déduire que, d’après Madame Pénicaud, les différentes vagues de suicides chez les forces de l’ordre, chez France Télécom * chez les agriculteurs, ne sont pas principalement liées aux différents mondes du travail, mais peuvent être, éventuellement, aggravées par ceux-ci.

Or, heureusement la majorité des burn-out ne finit pas en suicide, mais vous pouvez rencontrer assez souvent les résultats du  «Syndrome d’épuisement professionnel» dans le monde des SDF et sans-abri. Ce sont en règle générale des «décentes aux enfers», souvent assez lentes, parfois fulgurantes. Nous avons décrit une telle évolution dans un de nos tout premiers grands articles (« Premiers pas  ») que vous pouvez consulter ici.

Une autre épisode dans la propre carrière (apparemment sans burn-out !) de Madame Pénicaud sont ses agissements lors de la fusion entre l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII) et Ubifrance : « En fusionnant les deux entités, en janvier 2015, Muriel Pénicaud devient la première directrice générale de Business France, agence nationale au service de l’internationalisation de l’économie française. Une de ses premières mesures est alors d’augmenter de 20 % le salaire du directeur financier et du DRH, ainsi que le sien, qui passe à 225 000 euros annuels… » (source Wikipédia).

D’autres de ses agissements ont abouti finalement (et tout ça sans burn-out !) dans  l’affaire dite de  « Business France ».

P.S. : Toute cette histoire est partie d’un article, publié dans Yahoo ! Actualités :
Burn-out-article-Yahoo
* en tant qu’ administratrice du Groupe Orange et présidente du comité de gouvernance et de responsabilité sociale et environnementale de 2011 à 2014 (source Wikipédia), elle devrait alors être au courant de cette vague de suicides, certes survenus quelques années plus tôt… mais apparemment – d’après ses dires d’aujourd’hui en tant que Ministre du Travail – pas liée au monde du travail : «Ça veut dire, qu’au sens médical, ce n’est pas une maladie professionnelle».

A ce sujet, les deux derniers paragraphes de l’article du FIGARO (publiés sur internet le 07/07/2016) sont très intéressants. On y lisait ainsi :

  • «Didier Lombard, Olivier Barberot, ex-directeur des ressources humaines et Louis-Pierre Wenes, ainsi que la personne morale France Télécom ont été mis en examen en juillet 2012 pour harcèlement moral. Quatre autres cadres, Nathalie Boulanger-Depommier, Jacques Moulin, Guy-Patrick Cherouvrier et Brigitte Bravin-Dumont, sont mis en examen en décembre 2014 pour complicité.»
  • «France Télécom, devenue Orange, a été la première entreprise du CAC 40 à avoir été mise en examen pour harcèlement moral. Il appartient désormais au juge d’instruction de suivre ou non les réquisitions du parquet de Paris en ordonnant un procès ou en prononçant un non-lieu. Un procès amènerait la justice à trancher la première affaire de harcèlement à grande échelle dans une entreprise de cette taille.»

La nuit de la solidarité 2018

La nuit de la solidarité 2018 aura lieu dans trois jours, dans la nuit du jeudi 15 février au vendredi 16 février.

Et elle divise (lisez ici l’article du Parisien d’aujourd’hui) nos femmes et hommes politiques, nos élu(e)s – comme d’habitude.

La nuit de la solidarité de Paris est :

  • un décompte exhaustif de tous les gens qui sont contraints (c’est quand-même notre avis !) de rester (mais pas forcément en dormant !) la nuit dehors. Ces fameux sans-abri.
  • pour l’organisation du décompte, l’apur (Atelier parisien de l’urbanisme), un organisme hautement qualifié (lisez par exemple son rapport du 18 septembre 2014 «Lutte contre la grande exclusion : revue synthétique des données chiffrées disponibles») a divisé Paris en 350 secteurs.
  • chacun de ces secteurs sera sillonné entre 22h et 1h du matin par des équipes, constituées entre 3 et 5 personnes, dont un(e) responsable «professionnel(le) référent(e)» (services sociaux, associations, etc.).
  • un questionnaire anonyme (aucune géolocalisation) sera rempli pour chaque sans-abri qui le souhaite.
  • il est interdit de réveiller des personnes, et d’embêter les gens alcoolisés ou agressifs.
  • pour les gens qui le souhaitent, une fiche de signalisation (besoin de rencontrer la maraude, mise en relation avec un travailleur social, etc.) sera établie.
  • les données seront analysées par un comité scientifique qui publiera éventuellement une nouvelle « revue synthétique » si les chiffres disponibles ne sont pas trop mauvais.
  • il est prévu de répéter ce comptage tous les ans, afin de pouvoir mesurer l’efficacité des mesures prises contre la «très, très grande précarité».

Ben, avant la présentation de ces détails, pas mal d’associations ont été aussi divisées quant au bienfondé de cette «nuit de la solidarité» : flicage, compter pour rien faire, etc.

La plupart se sont calmées. Pas nos femmes et hommes politiques ! Eux, ils n’ont probablement pas eu  ces information ou ne voulaient pas les avoir ou – ce qui est le cas le plus probable – se fichent, en temps normal, de telles choses désagréables.

On s’amuse alors à décortiquer l’un ou l’autre commentaire :

On s’amuse surtout de la contribution de Madame Lang, députée (LREM) et conseillère de Paris XIIIe :

« La Nuit de la Solidarité est une opération de communication qui vise à montrer que l’État n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire face à la situation ». « C’est un piège ».
Le plus drôle dans sa déclaration est le fait que tout est vrai :
  • effectivement, c’est un piège – pour la majorité et pour Macron qui a fanfaronné «Je ne veux plus d’ici la fin de l’année (NDLR du Parisien : 2017) avoir des femmes et des hommes dans les rues, dans les bois »

mais, surtout,

  • que l’État n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire face à la situation.

Une honnêteté rarement atteinte à notre époque ultra-langue-de-bois !

L’État n’a pas pris les mesures nécessaires pour faire face à la situation !

Un exemple criant de la défection, voire de la désertion de l’État devant ses devoirs est la quasi-impossibilité d’obtenir aujourd’hui une domiciliation à Paris.

Une domiciliation, c’est avoir une adresse administrative pour tout citoyen qui n’a plus de domicile, parfois même plus un abri : un SDF, un sans-abri.

Sans adresse administrative (sans «domiciliation»), t’es administrativement mort ! Pas de CAF, pas de Pôle Emploi, pas d’assurance maladie, pas d’APL, etc. etc.

Impossible d’avoir un job régulier !

Comment insérer les gens sans domiciliation ?

L’État, incapable de gérer, d’assurer ce droit citoyen minimal, a délégué la tache à la Préfecture de Police. Et la Préfecture de Police l’a déléguée aux associations. Et les associations reçoivent leurs quotas de domiciliations (et les indemnisations équivalentes) et se débrouillent comme elles peuvent.

Et c’est le grand bordel partout, propice à toutes les dérives et détournements, sauf que beaucoup de gens qui sont dans la rue sont privés de leurs droits fondamentaux.

L’État et la Ville de Paris n’ont pas pris les mesures nécessaires pour faire face à la situation désastreuse des bagageries !

Le problème des bagageries ne concerne certainement pas seulement l’État, mais également les pouvoirs locaux. Il en manque énormément.

Comment fait il ?

6 sacs.

Beaucoup d’AR, n’est-ce pas ?

Pour 100 m (3 allers, 2 retours), ça fait 500 m.

Pour 1 km, ça fait 5 km. Sous la pluie ? Sous la neige ?

Or, les déplacements quotidiens parcourus par les SDF et sans-abri sont de l’ordre de 10, voire plus de 15 km, comme en témoignent les relevés d’un ancien SDF  :

Et voilà, avec 6 sacs à transporter, notre sans-abri sur la photo est fichu : 10 km de déplacement par jour, ça correspondrait pour lui, avec les AR incessants, à une distance à parcourir de 50 km ! Impossible, même pour un grand sportif.

Son «rayon d’action» se limite donc à 2 ou 3 km au maximum. Alors, comment fait il ?

On ne souhaite à personne cette galère.

Sauf, peut-être, hum, juste pour une journée, en hiver… juste pour se rendre compte… avant de prononcer des discours erronés, malveillants, méchants…