Budget participatif de Paris 2016 : Projet N° 26

DES ABRIS POUR LES PERSONNES SANS DOMICILE FIXE

Mais qu’est-ce que se cache derrière ? Voyons :

budget-4L’idée principale du projet est donc de «renforcer l’accès des personnes sans-abris aux besoins et aux services essentiels et expérimenter de nouvelles formes d’hébergements individuels ou collectifs pour ces publics en grande précarité». 

Et en détail :

budget-5

Et tout ça pour 5 Mio € !

Examinons les propositions l’une après l’autre :

1. L’acquisition et la mise à disposition de 3000 kits d’hygiène et de survie

3000 kits d’hygiène et de survie… bof, c’est du pipeau.

Il aurait mieux fallu ne pas le mentionner ! Vraiment ! Faut peut-être mieux de ne pas fanfaronner avec ça ! On est ici à 1 000 années-lumières d’un quelconque «contrat réciproque d’insertion» ou «contrat d’engagements réciproques», n’est-ce pas ? « Malheureusement, nous ne pouvons rien faire pour vous, mais ne crevez pas déjà cette nuit, s’il vous plaît, sinon les macabres statistiques du Collectif Les Morts de la Rue deviendront encore plus mauvaises qu’elles sont déjà sans votre participation ».

Apparemment, il y a au sein des services sociaux de la Ville de Paris des agents et des responsables qui n’ont pas encore (ou jamais !) fait leur stage (bientôt pourtant obligatoire !) de «Koh-Lanta -SDF-Paris»*.

*un stage de 15 jours qui consiste à lâcher – préférablement en hiver – un(e) futur(e) AS ou responsable  dans les rues de Paris avec un sac de couchage, un kit d’hygiène, un kit de survie, un sandwich et 10 €. Avec interdiction absolue d’appeler ses proches au secours.

2. Le lancement d’un appel à projets… etc. etc.

Alors là, sur ce point, il existe depuis très peu de temps un article qui imagine effectivement des lieux et des formes innovants d’habitat individuel, modulaire et regroupé, et des abris temporaires et mobiles :

https://parissdfamour.wordpress.com/2016/09/16/abris-pour-les-sans-abri/

Parce qu’il y aurait certainement des solutions moins onéreuses que celles actuellement mises en œuvre. Et pour ça, on n’a certainement pas besoin d’architectes Super-Stars*. Parce qu’un sans-abri ne demande rien de luxueux : seulement un abri contre la pluie, la neige, le froid et l’insécurité. Un petit espace pour déposer ses affaires, un WC et une douche (même collectifs) lui sont généralement suffisants.

Disposer d’un endroit sûr et de libre-accès. Point.

Quel bonheurs d’avoir une clé pour un endroit sûr, un espace privé, une sphère intime ! C’est presque plus important qu’une douche (on peut toujours aller aux bains-douches), un chauffage (on peut toujours se mettre sous plusieurs couvertures ou sortir son sac de couchage). Et ça éviterait tous ses graves problèmes d’ordre public «d’occupation des espaces publiques» par des sans-abri.

*…sauf s’ils mettaient à disposition  leurs énormes machineries gratuitement pour la bonne cause ou la « Grande Cause » de Anne Hidalgo, n’est-ce pas ? En comparaison avec la Philharmonie, les Halles, la Samaritaine, le Palais de Justice, etc. etc. il s’agit ici vraiment d’un mini, non, micro-projet, minuscule…

3. La contribution à l’installation d’un camp « refuge »

Apparemment, c’est ici, l’urgence absolue.

Il est donc à craindre que la plus grande partie des 5 Mio. € soit « bouffée » par cette proposition…

D’où le risque de créer d’énormes tensions entre les SDF et sans-abri «classiques» de longue date et ces réfugiés, récemment chassez par la guerre et la misère absolue. Il faudrait mieux  séparer clairement les budgets !

4. La création d’une application recensant en plusieurs langues tous les renseignements pratiques…

Tout ça ressemble étrangement à un xème projet informatique, dont les résultats s’évaporent trop souvent dans le néant quelque temps après leur lancement annoncé en fanfare.

Déjà le terme «application» ! Faut se méfier ! Sur un Smart- ou iPhone ?

Soyons quand-même réalistes : Combien de SDF, sans-abris, réfugiés possèdent un tel engin ? Et où peuvent-t-ils les recharger ?

En ce qui concerne la traduction des informations dans d’autres langues, rien de plus simple qu’utiliser GOOGLE Traduction !

Enfin, il faudrait peut-être aussi faciliter l’apprentissage du français aux étrangers.

Là encore, il existe depuis quelque temps déjà une méthodologie simple, décrite par exemple ici pour le russe :

https://parissdfamour.wordpress.com/russkiy/

A Paris, et notamment grâce à ses multiples bibliothèques avec leur accès à internet, l’apprentissage du français ne pose donc pas d’énormes problèmes. Disons : c’est faisable. Du coup, une telle démarche résoudrait également, au moins en partie – un des fléaux les plus fatigants de la vie d’un sans-abri : l’inactivité chronique. 

Laisser un commentaire